Merci à l’enfant de Vinci !

© Frédéric Myss

© Frédéric Myss

« La gaieté est le secret des vaillants ! ».

Il y a onze ans, la voix brisée par l’émotion, Gonzague Saint Bris terminait par ces mots (une citation dont il avait le secret —ici de Richard Wagner) un message où il m’annonçait le décès de son frère, dans des circonstances affreusement semblables à celles qui nous l’arrachent aujourd’hui.
Paradoxalement, c’est cette énergie vitale, jamais battue en brèche, qui m’est aussitôt venue à l’esprit en apprenant sa disparition.

On invoque souvent « l’esprit français ». Gonzague l’incarnait parfaitement, hors le sarcasme grinçant dont il est parfois empreint. À l’inverse, il était l’anti-cynique : je le revois ainsi dans une émission de Franck Ferrand, face à Michel Onfray (professionnel averti s’il en est du déboulonnage de statues) défendant avec empathie le Marquis de Sade dont il avait su trouver les ressorts humains.

Pour toutes ses biographies (La Fayette, Balzac ou les grands rois qui ont fait la France) son parti-pris était celui de la sympathie profonde. C’est d’évidence cette bienveillance passionnée qui lui a valu l’adhésion massive des lecteurs.
Avec sa flamme juvénile, il était le Peter Pan irremplaçable de la Forêt des livres, pas en chef de bande mais plutôt en éternel lauréat du « prix de camaraderie » des centaines d’écrivains qu’il a su rassembler en Touraine depuis 22 ans.

Sa leçon reste essentielle : dans la transmission et l’écriture, de la rigueur bien sur… mais avant tout de la joie et de l’enthousiasme.

cher Gonzague, enfant de Vinci, autorisé par ton père pour tes 14 ans à dormir enfin dans le lit du maître, en votre demeure familiale du clos Lucé d’Amboise.
Tu n’as eu de cesse depuis, de nous entrainer avec jubilation, les yeux et le cœur grands ouverts, à tes côtés sur les chemins de l’Histoire.

Paris, 10 août 2017
Stéphane Watelet